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Présentation du bulletin 26

Après le n°25 consacré aux dernières manifestations de la dérive opportuniste du CCI, ce numéro 26 de notre bulletin revient aux rubriques plus "classiques". Le lecteur trouvera donc ici :

- le fruit de notre travail d’analyse de la situation ;

- une grande partie consacrée au débat au sein du camp prolétarien, avec un texte sur un article du BIPR à propos de la décadence du capitalisme, des correspondances d’un sympathisant "isolé", ainsi que des prises de position critiques vis-à-vis d’articles du CCI ;

- et enfin un article de Rosa Luxemburg traitant des conditions faites à notre classe dans le cadre de la surexploitation capitaliste. Il est remarquable qu’un texte écrit voilà un siècle ait gardé une telle actualité et nous voulons souligner la façon dont les révolutionnaires de l’époque (et pas des moindres en l’occurrence !) s’impliquaient directement à propos du sort de ceux que certains mauvais esprits d’aujourd’hui qualifient rapidement de "lumpen-prolétaires", voire d’ouvriers "décomposés"……

Ces morts, ces indigents empoisonnés par des aliments au rebut, c’est notre classe ; et leur sort est celui que vit un grand nombre d’ouvriers aujourd’hui et qui attend la plupart d’entre eux dans le capitalisme en crise. Ils sont, comme toute notre classe, les porteurs et les protagonistes de la future révolution dont nous sommes, nous les communistes, l’expression théorique et politique d’avant-garde. Voilà ce que semble nous dire la camarade Luxemburg dans cet article. Ce n’est pas de la pitié ou des bons sentiments qu’elle agite, c’est un cri de combat qu’elle lance ; c’est un appel à ceux qui, parmi les ouvriers dont le sort est – momentanément ! – moins dramatique, auraient tendance à s’installer dans le médiocre et illusoire confort que leur octroie la bourgeoisie… à condition qu’ils acceptent le sort qui est fait à certains de leurs frères de classe, armée de réserve du capital. A condition qu’ils renoncent à leur être de classe, à la mission révolutionnaire que l’histoire leur a assignée.

Rosa écrivait cela en .. 1912 !

Qui osera prétendre qu’on ne retrouve pas exactement les mêmes éléments aujourd’hui ? Qui ne reconnaîtra, dans les ouvriers miséreux de 1912 à Berlin, dans les Joseph Geihe, les Karl Melchior, les Lucian Szczyptierowski dont elle parle, le sort fait aux chômeurs, aux "recalculés" [chômeurs à qui l'Etat français a dû "recalculer" les allocations de chômage qu'il avait supprimées], aux émigrés "clandestins", aux abonnés des "resto du cœur" [restaurants pour les pauvres en France] de notre époque ? Les images dégoulinantes de compassion télévisuelle tarifée en plus.

Aujourd’hui comme alors, notre classe subit les coups d’une bourgeoisie dont l’économie est en crise et de ses Etats, bien décidés à défendre ce système d’exploitation contre toute menace venue des "classes dangereuses" selon l’expression en usage à l’époque. Aujourd’hui comme alors, les révolutionnaires, les communistes ont la responsabilité d’indiquer la direction aux masses souffrant dans la misère nécessaire à la bonne marche des affaires et du profit, de faire mûrir la colère, de la faire converger vers les véritables responsables et de porter la classe vers la conscience d’elle-même.

L’objectif paraît lointain ; et l’échéance d’une réaction révolutionnaire du prolétariat peut sembler si éloignée qu’elle ne nous concernerait pas ou plus du tout, d’autant que, partout, la classe dominante ne cesse de chercher à nous injecter dans les veines le "poison de l’impuissance" : il n’y aurait rien à faire contre la misère et la barbarie grandissantes, hormis de s'en remettre à l'Etat bourgeois, démocratique de préférence. Mais voilà ! Depuis près de deux années, l’horizon tend à s’éclaircir. L’évolution de la situation mondiale révèle plus que jamais le vrai visage du capitalisme. Elle est en train de démentir encore plus radicalement les campagnes idéologiques massives – qui ont fait suite à l’effondrement du stalinisme – sur le "triomphe historique définitif du capitalisme" et "l’avenir radieux de la démocratie bourgeoise". La machine médiatico-idéologique de la classe exploiteuse a de plus en plus de mal à cacher que les soubresauts violents de la crise économique et les guerres qui se multiplient à travers le monde sont intimement et profondément liés, que la misère et la barbarie ne sont pas des phénomènes extérieurs au capitalisme mais, au contraire, ses manifestations les plus naturelles. Pour la classe ouvrière qui est actuellement engagée dans une dynamique de reprise des luttes, cette situation – grosse de potentialités de prise de conscience – ouvre d’énormes perspectives de développement à son combat historique contre le capitalisme. « La guerre déchaîne, en même temps que les puissances réactionnaires du monde capitaliste, les forces génératrices de révolution sociale qui fermentent en leurs profondeurs » (Rosa Luxemburg dans Le Socialiste du 01/08/1904, article Dans la tempête).

Ceux qui doutent, qui désespèrent ou qui s’impatientent, nous les renvoyons à Rosa Luxemburg, aux cris de combat qu’elle n’a jamais cessé de lancer, à sa confiance inébranlable dans notre classe, même dans les pires situations ; et ceux qui sous-estiment le rôle discret mais essentiel des révolutionnaires dans la période présente, nous les renvoyons simplement à l’apport de nos prédécesseurs de la Gauche communiste qui, dans les années terribles de l’entre-deux-guerres, ont fait le bilan de la défaite passée et préparé le travail pour les générations futures ; pour nos générations. Sans les apports de ces camarades des années 1920-1930, sans leur ténacité et leur détermination, serions-nous en mesure de poursuivre aujourd’hui le travail ? Et ces leçons que nous avons reprises de nos anciens, n’avons-nous pas le devoir de les transmettre aux jeunes générations ouvrières ? De les transmettre dans le feu de l’action révolutionnaire si nous le pouvons ou par les fondements politiques que nous aurons su établir sur la base des acquis de toute l’histoire de notre classe et de ses organisations.

Laissons le doute, l’amertume, le désespoir et les "états d’âme" à la petite bourgeoisie et aux classes sans avenir historique. Nous, dans le camp prolétarien, nous avons toutes les raisons d’avoir confiance dans la situation, de nous fier à notre classe, de poursuivre la lutte et la clarification, d’œuvrer au regroupement des forces sur des bases politiques claires afin de doter la classe de l’organisation politique qui lui est nécessaire aujourd’hui et qui lui sera indispensable demain.

Nos camarades de la Gauche, dans les années terribles de la contre-révolution, ont su garder vivantes les leçons de l’Octobre rouge. Nos générations ont la chance et l’insigne honneur de voir les combats décisifs se dessiner à un horizon visible. Et c’est en accomplissant aujourd’hui les tâches qui nous reviennent que nous pouvons réellement contribuer à la victoire de demain.

26 juin 2004


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