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Face aux critiques croissantes du camp prolétarien contre la "théorie de la décomposition", face à nos critiques de la nouvelle compréhension, dogmatique et absolue, de la "décomposition", le CCI s'est senti contraint de publier un article sur Les racines marxistes de la notion de la décomposition dans sa Revue internationale 117 (1). Ce texte qui est surtout à destination des membres et sympathisants qui doutent du bien-fondé de cette théorie, s'essaie à démontrer qu'elle était déjà contenue dans le CCI de 1980 et dans Internationalisme de 1952 - voire avec la Gauche italienne et l'IC ; et qu'il existe une continuité de méthode et de pensée avec le militant MC, militant central du CCI, et le militant Marco d'Internationalisme. Malheureusement les deux Marc, qui sont un seul et même militant disparu aujourd'hui, tout comme Internationalisme et la Revue internationale de 1980 démentent et dévoilent la supercherie de 2004.
Pour le CCI d'aujourd'hui, "la Décomposition signifie un lent processus d'anéantissement des forces productives jusqu'à un point où la construction du communisme devient désormais impossible" (Les racines marxistes de la notion de la décomposition, Revue internationale 117, 2004, souligné par nous).
Pour "légitimer" et asseoir cette position et cette vision de la décomposition, l'article s'appuie directement, dans la phrase suivante, sur une citation d'un article d'Internationalisme 46 de 1952 signé Marco. Cet article a été reproduit en 1980 par la Revue internationale 21 : "On ne peut pas soutenir (...) qu'une perspective socialiste resterait ouverte quand bien même les forces productives seraient en régression, en écartant toute considération relative à leur niveau. Le capitalisme représente une étape indispensable et nécessaire à l'instauration du socialisme dans la mesure où il parvient à en développer suffisamment les conditions objectives. Mais, de même qu'au stade actuel (...), il devient un frein au développement des forces productives, de même la prolongation du capitalisme, au-delà de ce stade, doit entraîner la disparition des conditions du socialisme".
Cette citation est centrale car elle invoque l'héritage théorico-politique légué par la Gauche communiste de France dont se réclame le CCI. Et, effectivement, dans les années 1950, dans le contexte d'une Europe - coeur du capitalisme - en ruines après la Seconde guerre mondiale, Internationalisme développa la position que les forces productives ne pouvaient plus se développer : "Le monde capitaliste est entré dans sa crise permanente : il ne peut plus élargir sa production".
Ces citations semblent confirmer la continuité entre Internationalisme, le CCI de 1980 et celui d'aujourd'hui. Alors pourquoi parlons-nous de falsification et de supercherie ? Par "parasitisme" viscérale ? Par "haine clanique" ? Par un autre de nos nombreux "travers psychologiques" ? Non. Tout simplement pour des raisons politiques et la réalité des faits. Tout simplement parce que ces extraits sont tronqués et sont un véritable subterfuge. Tout lecteur disposant de la Revue 21 de 1980 pourra vérifier.
Car l'introduction au texte de 1952, initialement rédigée en juillet 1974 pour le Bulletin d'études et de discussion n°8 de RI, critique et repousse précisément cette notion d'arrêt de la croissance des forces productives : "Internationalisme (...) avait encore raison d'affirmer qu'avec la fin de la guerre le capitalisme ne sort pas de sa période de décadence, que toutes les contradictions qui ont amené le capitalisme à la guerre subsistaient et poussaient inexorablement le monde vers de nouvelles guerres. Mais Internationalisme n'a pas perçu ou pas suffisamment mis en évidence la phase de “reconstruction” possible dans le cycle : crise-guerre-reconstruction-crise."
Autrement dit, la présentation de cette republication, rédigée quand MC, alias Marco, était militant du CCI - on peut donc considérer qu'il s'agit d'une correction de MC lui-même - rejette la citation que l'actuel CCI fait maintenant pour prouver sa théorie de la décomposition ! De plus, l'article d'Internationalisme, malgré son erreur, se maintient fermement, et sans ambiguïté - c'est-à-dire sans concession à l'idée d'une troisième voie - sur la position marxiste de l'alternative historique "guerre ou révolution". Tout le contraire de la théorie de la décomposition de l'actuel CCI qui liquide cette position.
C'est tout l'échafaudage laborieux de l'article pour "légitimer" la Décomposition - une note de l'article nous indique qu'il faut y mettre une majuscule - qui s'écroule lamentablement. C'est en conscience, comme acte politique, que le liquidationnisme trahit et falsifie volontairement la pensée d'Internationalisme et de Marco, celle du CCI de 1974 et 1980 et de MC. Et ce n'est pas la première fois.
Là où le stalinisme gommait maladroitement les visages des vieux bolcheviques sur les photos officielles, l'opportunisme du CCI actuel ne craint pas d'utiliser soit le tippex, soit le "couper" de Windows en laissant le "couper-coller" quand il ne lui convient pas. Ca promet pour la suite de la série (2) que nous attendons avec impatience car le voile, qui cache de plus en plus mal les trahisons, tombera plus rapidement encore. Mais les militants sincères qui sont à l'intérieur du CCI peuvent-ils continuer à laisser faire et à attendre qu'il soit trop tard ?
Juin 2004.
Notes:
1 On nous annonce une série. Vu les contradictions théoriques de ce premier article, nous souhaitons bon courage à l'éminent et brillant rédacteur. Mais apparemment, vu son utilisation frauduleuse des citations, il a de grandes capacités "dialectiques". Gageons qu'il nous surprendra encore. Pour ce qui est des "arguments" et des positions théoriques présentés, nous invitons d'ores et déjà nos lecteurs à lire le texte Effondrement automatique du capitalisme ou révolution prolétarienne dans notre bulletin 26 qui va sortir d'ici quelques jours.
2 Cet article "révisionniste" de la Revue finit sur une note à notre endroit : nous aurions voté des deux pieds, des deux mains dans le CCI des rapports qui introduisaient cette vision de la 3e voie se substituant à l'alternative historique "guerre ou révolution". Nous ne l'avions pas oublié. Mais d'une part, tout comme pour Internationalisme, il y a une différence "qualitative" entre une erreur politique et la révision ou la trahison d'une position de principe même si bien souvent la deuxième trouve sa "légitimité" dans la première. Et surtout, au-delà de la petite "polémique" hargneuse et des réponses implicites à nos critiques telles celle réaffirmant "que le marxisme a toujours posé en termes d'alternative le dénouement de l'évolution historique" visant à colmater une des brèches révisionnistes que nous avons soulignées, il n'en reste pas moins qu'il n'est pas répondu à la question essentielle que nous posons : "la nouvelle période ouvre-t-elle la voie à une troisième possibilité " comme l'a adopté le 15e congrès du CCI ? C'est aussi cela l'opportunisme : ne pas répondre franchement aux questions politiques posées et rester dans le vague en disant tout et son contraire. Mais ainsi, c'est toujours la révision opportuniste qui finit par s'imposer.
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