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La fraction interne du CCI
au
Noyau Communiste International (11 novembre 2003)
Chers
camarades,
En premier lieu, nous voulons nous excuser du retard avec lequel nous vous répondons. Vous devez avoir reçu le courrier de nos camarades du Mexique avec l'envoi de la version espagnole de notre prise de position critique sur la résolution du 15e congrès du CCI sur la situation internationale.
En deuxième lieu, nous voulons saluer la constitution de votre Noyau et l'apparition d'une nouvelle voix internationaliste dans le monde, et en plus dans une région où elles sont peu nombreuses. Donc, c'est avec beaucoup d'enthousiasme et de joie que nous avons reçu vos mails nous apprenant votre existence et que nous avons lu votre revue. Selon nous, cette constitution du groupe a une signification historique. Elle se situe dans une période dans laquelle, pour nous, le "cours historique" continue à être aux affrontements de classes - même si nous savons qu'il n'existe pas de lien mécanique entre les luttes ouvrières et le surgissement de minorités révolutionnaires - pour une part ; et d'autre part, elle confirme qu'existe une tendance réelle vers le surgissement d'éléments et de groupes révolutionnaires sur toute la planète. Nous ne développons pas plus là-dessus mais nous voulons souligner que ces dynamiques se sont accentuées avec la nouvelle situation ouverte avec les attentats du 11 septembre 2001 à New-York.
Nous avons lu vos documents et, à première lecture, nous voyons un accord avec vos positions programmatiques. Que le Noyau reprenne les mêmes positions "programmatiques" que celles du CCI, presque dans les mêmes termes que celui-ci, et donc que nous-mêmes, est un facteur d'encouragement pour nous. Bien sûr, il peut exister des points à discuter et à clarifier. Mais ils nous semblent être secondaires pour le moment.
Maintenant, nous avons une série de questions à vous poser pour mieux vous comprendre et quelques observations à faire.
La première se présente déjà, vous nous le pardonnerez, sous la forme d'une réponse "critique" pour que nous puissions vous présenter un peu notre démarche. Vos "positions programmatiques" comme la partie finale "le surgissement du Noyau communiste internationaliste" présentent votre filiation : "Comme authentiques communistes, nous reprenons les expériences développées par le prolétariat et par les diverses organisations révolutionnaires tout au long de l'histoire, que ce soit la Ligue des Communistes, la 1e, la 2e et la 3e Internationale, les fractions de gauche de l'Internationale Communiste dans leur lutte contre sa dégénérescence". Se revendiquer et se relier avec toute l'histoire du mouvement ouvrier est essentiel pour fonder les positions et l'intervention des révolutionnaires. Nous partageons cette démarche. Il est important de comprendre que les révolutionnaires, les communistes d'aujourd'hui, ne surgissent pas du néant, ni de nos "brillants cerveaux individuels", mais d'un mouvement historique, celui de notre classe, et en particulier de l'expérience et des apports de ses minorités révolutionnaires depuis leurs débuts.
Or nous constatons qu'il n'y a pas de référence à l'existence des forces communistes d'aujourd'hui dans vos textes. Peut-être est-ce un oubli ? Peut-être ne connaissez-vous pas assez ce camp, ces forces, ou bien peut-être n'avez-vous pas voulu prendre position de manière prématurée entre les différents groupes. Mais il nous semble important que l'ensemble des éléments et groupes existants de nos jours, les groupes avec une filiation historique - en particulier les groupes "bordiguistes", le BIPR, et le CCI (malgré sa dégénérescence actuelle) -, les groupes nouveaux comme le vôtre, et les éléments militants isolés, partout dans le monde, soient conscients - avec les concepts qu'ils veulent - qu'existe ce camp et que, donc, chacun doit se situer au sein de ces forces, comme une de leur partie, entière, active, au sein de ce camp internationaliste - pour nous, ce camp, cette "entité", constitue une "unité" de principe, l'internationalisme prolétarien, bien qu'il connaisse des contradictions et des oppositions politiques importantes. Bien sûr, cette vision est inclue dans vos positions programmatiques. C'est pour cela que vous comprendrez que nous vous questionnons sur vos relations, sur votre connaissance, des groupes existants et de leurs positions et, aussi, que nous insistions sur l'importance de ces relations. Nous vous donnons par la suite les adresses des groupes tels le BIPR et les groupes "bordiguistes". Et bien sûr nous pouvons vous donner toutes les informations en notre possession ainsi que notre appréciation politique.
Comme nous l'avons relevé précédemment, les positions programmatiques que vous défendez, sont très proches, à dire vrai identiques, à celles du CCI, c'est-à-dire des positions que nous défendons. Est-ce par votre propre réflexion et dynamique ? Ou comment avez-vous connu les positions du CCI ? Avez-vous eu des contacts avec lui ? Dans les années 1980, nous avions - le CCI d'alors - eu des contacts avec des militants d'Argentine et avec un groupe internationaliste qui s'appelait Emancipación Obrera. Le connaissez-vous ? Vous nous avez déjà averti dans un mail que vous n'aviez pas les adresses des autres groupes. En connaissez-vous ? Connaissez-vous leurs positions ?
En deuxième lieu, nous voulons prendre position rapidement sur votre texte sur la Bolivie. Il y a plusieurs choses à discuter. Nous voulons juste relever un aspect de démarche, de "problématique", de compréhension générale. Nous sommes d'accord avec l'analyse générale du "mouvement" bolivien et de son caractère interclassiste. Nous n'avons pas suivi de prés et une grande partie des informations que nous avons, sont celles que vous donnez. Cependant, vous présentez une série d'affirmations qui nous voulons relever à causes des différentes visions qu'elles peuvent contenir.
"En partant de la prémisse de salut et de solidarité complète avec les travailleurs boliviens en lutte, il faut aussi affirmer clairement que la combativité de la classe n'est pas le seul critère pour déterminer le rapport de forces entre la bourgeoisie et le prolétariat dans la mesure où la classe ouvrière bolivienne n'a pas été capable de développer un mouvement massif de toute la classe ouvrière entraînant derrière elle le reste des secteurs non exploités dans cette lutte. C'est tout le contraire qui est arrivé. Ce sont les secteurs paysans, regroupés dans la Centrale ouvrière paysanne, et les petits-bourgeois qui ont dirigé cette révolte.
Il en est ainsi car la classe ouvrière bolivienne s'est diluée dans un "mouvement populaire" de caractère interclassiste..."
Ensuite vous dîtes "que ce serait une grave erreur de confondre ce qu'est une révolte sociale avec un horizon politique étroit, et une lutte prolétarienne anti-capitaliste".
Nous sommes d'accord avec ces parties, avec l'affirmation de la solidarité avec "les travailleurs boliviens en lutte", et avec l'incapacité de la classe ouvrière à développer son mouvement et à entraîner derrière elle les autres secteurs. Et donc nous sommes aussi d'accord que la classe s'est diluée dans un mouvement interclassiste, avec la nécessité de ne pas confondre une révolte sociale sans avenir et un mouvement de la classe ouvrière.
Vous continuez en affirmant que "les événements de Bolivie gardent un grand parallélisme avec ceux d'Argentine dans l'année 2001-2002". Ici nous commençons à avoir une question. A quel niveau situez-vous ce parallélisme ? Cela peut être le parallèle entre deux mouvements de classe dont les dynamiques se sont réduites jusqu'à disparaître et déboucher sur une défaite ouvrière. Ou cela peut être un parallèle entre deux "mouvements" qui depuis leurs débuts n'avaient déjà aucune perspective du point de vue prolétarien, qui étaient depuis leurs débuts "interclassistes", ou pire encore sans aucune expression de classe, qui étaient une impasse depuis leurs débuts.
En outre, il convient de rappeler qu'existent des différences entre la classe ouvrière en Bolivie et la classe ouvrière en Argentine. Cette dernière est beaucoup plus nombreuse, beaucoup plus concentrée, beaucoup plus expérimentée, et elle subit moins le poids des couches petites-bourgeoises et paysannes que la classe ouvrière en Bolivie. Nous revenons par la suite sur ce point.
Nous posons la question car c'est avec cette "analyse" que le CCI actuel, contrairement à tout le reste des forces communistes, a rejeté la réalité des luttes ouvrières en Argentine. Précisons de suite : il ne s'agit pas pour nous de faire une "polémique-guéguerre" avec le nouveau CCI, mais de poser les points de désaccords politiques le plus clairement possible pour leur dépassement. Selon l'analyse que l'on fait de la "nature" de classe de ces mouvements, l'intervention des révolutionnaires diffère. A ce niveau, et avec le peu d'informations que nous avons, nous ne pensons pas que les deux situations présentaient la même dynamique et les mêmes potentialités du point de vue de la classe ouvrière. Et nous pensons que les mouvements en Argentine étaient un mouvement de lutte ouvrière dans lequel la bourgeoisie a fait tout son possible, avec ses forces de gauche en particulier, pour dévier les ouvriers du terrain de la défense des conditions de vie et de travail de la classe ouvrière, qu'ils soient chômeurs, employés, ouvriers "classiques", techniciens, professeurs, etc....
Qu'en pensez-vous ? Quelle est votre opinion là-dessus ? Avez-vous pu avoir une intervention dans ce mouvement ? Bien sûr, cela peut aussi, et doit être un sujet de débat et de discussion dans tout le "milieu" international.
Votre article continue en développant votre position sur la base d'une position classique du CCI, sa critique à la "théorie du maillon le plus faible". Cette critique, cette position, continue à être selon nous complètement valable. Cependant, comme pour toute position, il se faut garder d'une compréhension schématique qui peut ouvrir la porte à des dangers et des erreurs politiques.
Il est certain qu'on doit faire une distinction entre la situation des pays historiquement centraux du capitalisme et les plus, ou moins, "périphériques". Et également, on doit faire une distinction entre la situation et les potentialités des différentes fractions du prolétariat international. Mais il faut affirmer que ces "différences" n'existent qu'au sein d'une unité, le capitalisme pour un niveau, et le prolétariat international pour l'autre. Votre article réaffirme clairement cette unité. Mais aussi, il nous semble simplifier - ce qui est difficile d'éviter dans un article - la différence entre les deux grandes catégories "centre" et "périphérie". Et ainsi laisser la porte ouverte à un possible schématisme.
Au sein de la "catégorie" pays centraux, ils existent des différences : l'Europe occidentale (Allemagne, France, Grande-Bretagne), Etats-Unis, et Japon, et Pologne, Norvège, et... Australie, pour donner quelques exemples. Et au sein de la catégorie pays périphériques, on ne peut non plus les situer tous égaux, le Mexique et Haiti, le Brésil et l'Equateur, l'Argentine et la... Bolivie, pour nous limiter à l'Amérique Latine. Cela est valable en termes généraux et ça l'est aussi au niveau de la situation du prolétariat, de ses forces et de ses responsabilités particulières. Nous pensons que le prolétariat argentin, comme celui du Brésil, par son histoire, par sa concentration, par son expérience, a un rôle "central" dans cette région et donc une responsabilité spécifique vis-à-vis du prolétariat international. Nous ne développons pas ici. Nous voulons juste vous présenter la problématique.
Limitant cette lettre à la situation du prolétariat, une vision schématique peut comprendre que le prolétariat des pays de la périphérie n'a rien d'autre à faire que d'attendre que le prolétariat des pays centraux ouvre la perspective de la révolution. Evidemment une telle vision a des implications, des conséquences, dans les orientations et même dans l'attitude militante envers les luttes. Déjà dans les années 70 dans le CCI, cette incompréhension incorrecte, vulgaire, mécanique, avait tendu à s'exprimer même dans la presse. Aujourd'hui, nous pensons que cette vision revient avec force dans les positions du CCI actuel sous une vision absolue, et donc idéaliste, de la décomposition, ce qui a fait que "notre" organisation a adopté une position indifférentiste, défaitiste, et même de dénonciation, des luttes des ouvriers argentins (cf. sa presse de l'époque) en 2001-2002.
La position classique du CCI que nous défendons, est que le prolétariat des pays "périphériques" a un rôle important et que, à certains moments, il peut même être central, déterminant au niveau international. Au niveau historique, nous avons l'exemple de la révolution de 1917 en Russie, un pays (relativement) périphérique. Dans les luttes ouvrières de la fin des années 1970 jusqu'au début des années 1980, la grève de masse en Pologne, pays relativement périphérique, a eu un rôle central, déterminant, à un certain moment, dans le rapport de forces entre les classes au niveau international et cela bien que les ouvriers de Gdansk, des chantiers naval, s'agenouillaient devant la croix de Jésus et que les revendications qui ont finalement été imposées étaient aussi pour la "démocratie" et de caractère national. De même, nous pensons que les mouvements ouvriers d'Argentine de 2001-2002, malgré la confusion qui existait, malgré la "participation" de secteurs de la petite-bourgeoisie, ou même de "marginaux", malgré les mots d'ordre que finalement les forces bourgeoises de gauche et les syndicats ont réussi à imposer, ont été une véritable manifestation ouvrière et ont marqué, à un certain moment, le premier signal d'une reprise internationale de la lutte de classes qui s'est vérifiée (cf. les luttes ouvrières en Europe du printemps 2003 et les récentes luttes en Grande-Bretagne). C'est-à-dire que le prolétariat des pays périphériques n'a pas seulement l'obligation de lutter pour se défendre face aux attaques de la bourgeoisie et, donc, d'entraîner derrière lui les autres secteurs - historiquement et aussi dans les luttes d'aujourd'hui - mais il a déjà, de nos jours, une responsabilité et un rôle international. Nous pourrons revenir et développer cette discussion si vous le désirez.
Comprendre et intégrer cette vision, disons "dynamique", est important pour pouvoir justement, comme vous le dîtes, "intervenir adéquatement et pour pouvoir analyser depuis une optique internationaliste et basée sur la méthode marxiste". Nous soulignons adéquatement car l'adéquate repose précisément sur l'analyse et sur les orientations, y inclus les mots d'ordre immédiats et concrets, que nous devons présenter et défendre face à la classe ouvrière à tout moment et en tout lieu.
Par exemple en Argentine, nous pensons que les communistes avaient alors, à ces moments de luttes ouvertes, des interventions et des orientations "positives", c'est-à-dire dans le sens de la lutte, de l'unité ouvrière, de son organisation autonome, à défendre et à avancer dans les assemblées de piqueteros, dans les manifestations des employés municipaux qui voulaient recevoir leurs salaires, face aux licenciements dans les usines, dans la lutte pour les revendications concrètes de classe (conditions de vie et de travail) qui, en outre, ont existé, et contre les "mots d'ordre" sur un terrain bourgeois, le nationalisme, la démocratie, la nationalisation, etc... Il y avait une lutte politique concrète à mener.
A partir de votre salut et de votre solidarité avec "les travailleurs boliviens en lutte", c'est-à-dire à partir de la reconnaissance d'une certaine lutte ouvrière, et prenant en compte que les potentialités des ouvriers boliviens étaient clairement moindres, que leur dynamique de classe a dû être brisée rapidement, il est très probable que l'intervention, disons "positive", des révolutionnaires ne pouvait s'exprimer longtemps, qu'elle ait pu avoir un sens très longtemps. Et que la dimension "dénonciation" des manoeuvres de la bourgeoisie pour amener le prolétariat sur un terrain complètement bourgeois et donc à la défaite, soit rapidement et partout devenue l'orientation nécessaire et adéquate.
Cependant, et en laissant de côté la réalité présente des forces communistes - leur capacité matérielle et militante extrêmement réduite pour assumer une présence politique la plus étendue possible - il nous semble important de comprendre et d'intégrer cette conception pour que la critique de la théorie du maillon le plus faible soit réellement utile et une arme efficace pour le prolétariat international et les révolutionnaires partout dans le monde.
Cette lettre est déjà trop longue. Pour terminer, nous voulons insister sur l'importance vitale pour tous les révolutionnaires de par le monde de se relier, d'établir des relations, de s'intégrer, avec le "camp prolétarien", et en particulier avec ses organisations déjà existantes. Comme nous vous l'avons déjà dit, il y a trois courants principaux, les groupes "bordiguistes", le BIPR et le CCI, qui existent aujourd'hui et dont la filiation "organique" est selon nous avec la Gauche Italienne. Du courant "conseilliste" (dont la "filiation" est avec la Gauche allemano-hollandaise pour schématiser), il n'existe plus de réelle organisation.
Nous pensons fondamental pour tout groupe de militants communistes dans le monde de se joindre à ce milieu au travers de la discussion, du débat, de la confrontation, des positions de tous. Ce milieu n'est pas quelque chose de statique, ni une sorte de magasin où on entre et on choisit la marchandise qui nous convient. Discuter, confronter, clarifier, défendre, combattre, les diverses positions de ce "camp prolétarien", ou de ce "milieu politique prolétarien" comme l'appelle le CCI, n'est pas une question "démocratique" en soi, ni formelle. Ce n'est pas un principe abstrait. C'est le sang qui circule et qui nous fait vivre et nous permet de développer, de préciser, de dépasser, de clarifier les positions politiques et théoriques dans le cadre du processus historique vers la constitution du parti mondial du prolétariat. Dans ce sens, les nouveaux éléments et groupes qui surgissent, peuvent et doivent aussi être un facteur actif dans le développement de tout ce processus.
Comme peut-être vous l'avez lu dans notre dernier bulletin - 21 -, nous voyons deux dynamiques opposées dans le camp prolétarien actuel. La plus grande partie de ces organisations se situent, bien sûr à partir du cadre de leurs positions respectives, dans la dynamique "positive" que nous venons de présenter. L'intervention générale de ces groupes face à la nouvelle situation historique, face à la guerre en Irak, face aux luttes ouvrières en Argentine, et ensuite en Europe et en France en particulier, a été responsable, militante, et conséquente. Leur attitude d'intervention et de discussion critique avec les différents groupes et avec les nouveaux éléments qui tendent à surgir dans le monde a été dynamique. L'intervention et les positions adoptées par ces organisations face à la crise organisationnelle du CCI a été aussi, à partir de leurs positions respectives, responsables et argumentées sur la base et en continuité avec l'histoire même de la lutte des fractions de gauche, l'Italienne en particulier, contre la dégénérescence de l'Internationale dans les années 1930.
Malheureusement, bien que nous partagions les mêmes positions programmatiques , nous pensons que le CCI actuel ne participe plus de manière positive dans la dynamique de confrontation-clarification politique nécessaire dans la perspective et dans le processus historique vers la constitution du futur parti communiste mondial. Après avoir été, selon nous, durant des décennies un facteur actif dans cette dynamique, son attitude présente de rejet sous tous les prétextes, essentiellement au nom de "la lutte contre le parasitisme", du débat et de la confrontation positive des positions (cf. leurs dernières polémiques contre les autres groupes) manifeste une dérive croissante vers le sectarisme. Nous pensons donc qu'il s'oppose à cette dynamique, qu'il est devenu, surtout en étant la "plus grande" organisation actuelle en terme de forces militantes et de présence politique, de par son "crédit" passé, le principal obstacle à cette dynamique.
Pourquoi pensons-nous que le CCI, notre organisation, est dans un processus de dégénérescence ? Dans une dérive opportuniste ? Parce qu'à partir de son 14e congrès international de mai 2001, il a trahi ses principes organisationnels - tels le droit de constitution de fraction interne, le débat interne ouvert et permanent, la vraie centralisation organisationnelle, la discipline communiste, etc... Parce qu'il a connu, et continue de connaître, une dérive opportuniste croissante par rapport aux principes et à la méthode marxistes - comme sur la compréhension de la "phase de décomposition", sur la vision révisionniste d'une troisième voie à l'alternative "guerre ou révolution", sur une vision d'un prolétariat international "décomposé" et impuissant. Parce qu'il a adopté une intervention chaque fois plus opportuniste envers la classe ouvrière - indifférentisme en Argentine, et plus concrètement en France jusqu'à une position défaitiste, d'abandon de la lutte, dans son intervention immédiate... quand elle existait - et, aussi, envers l'avant-garde politique, c'est-à-dire le camp prolétarien - son sectarisme croissant, son rejet du débat, et l'interdiction de participation des contradicteurs conséquents à ses réunions publiques.
Cependant, il faut affirmer que cette organisation n'est pas passée dans le camp bourgeois. Il s'en faut de beaucoup encore. Elle fait toujours partie du camp prolétarien. De plus, il n'appartient pas aux révolutionnaires de décider, ou de juger, d'un tel passage, d'une telle mort du point de vue prolétarien. Cela est aussi une position classique du CCI. Ce ne sont pas les révolutionnaires qui décident de qui fait partie du camp prolétarien et de qui n'en fait pas partie. C'est l'histoire elle-même. C'est-à-dire que ce qui décide du passage dans le camp bourgeois, de la fin d'un processus opportuniste, ne peut être que la position adoptée face à des événements historiques d'importance majeure telles la guerre et la révolution. C'est la raison pour laquelle nous parlons d'un processus commençant à peine.
Cette position classique du CCI a été aussi trahie, rejetée, aujourd'hui, quand sous le prétexte du "parasitisme", le nouveau CCI essaie d'exclure et d'éliminer du camp prolétarien les militants et les groupes qui ne lui conviennent pas.
Sur la base des revirements et des reniements politiques de l'actuel CCI, nous nous considérons comme la véritable continuité principielle, théorique, politique, organisationnelle et militante de cette organisation.
Aujourd'hui, tant que le processus opportuniste du CCI suit son cours actuel, former un autre groupe avec les mêmes positions de base aurait deux conséquences négatives : la première serait d'être un facteur de confusion et de division supplémentaire sans aucune "raison" objective pour le milieu politique, et ce serait accepter notre exclusion comme quelque chose de "normal". Cela participerait, indépendamment de notre volonté et de notre conscience, de la dispersion, de la confusion et du sectarisme.
Deux, cela nous conduirait actuellement à justifier notre existence séparée, malgré notre volonté consciente, à ce que nous oublions la nécessaire lutte politique et organisationnelle contre le processus opportuniste, et cela nous éloignerait de la méthode que nous devons utiliser pour ne pas nous perdre dans le néant.
C'est pour cela que nous continuons aujourd'hui comme fraction interne du CCI et que nous continuons à exiger notre réintégration comme minorité organisée dans les rangs du CCI pour mener à bien notre combat en son sein.
Nous en terminons ici. C'est déjà beaucoup, sans doute trop.
[Suivent ici les différentes adresses du BIPR et des groupes bordiguistes dont nous faisons grâce au lecteur]
Certainement, vous devez avoir les adresses du CCI. S'il vous manque quelque chose (adresses, publications, ou textes, avertissez-nous pour que nous puissions essayer de vous aider [...].
Saludos comunistas.
La Fracción interna de la CCI.
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