Home | Bulletin Communiste FICCI 10 | 

La détermination du BI, la mollesse du SI et les chantages personnels de Louise sur Peter

L'année 1998 reprend la sempiternelle même discussion en présence de membres du BI en Europe. Citons encore une fois des extraits des notes afin de voir et de comprendre l'ampleur et la fréquence des problèmes liés aux attitudes du camarade Peter. Nous allons voir dans cette partie la détermination des membres du BI (contrairement à la mollesse du SI) face au problème posé par le comportement de Peter. Comment les membres du BI en Europe peuvent-ils expliquer leur reniement actuel de toute leur politique tout au long de ces années ?

1) L'accentuation des pressions de Louise sur Peter dans le couple

SI du 10/1/98 :

Elise : " il n'y a pas seulement l'histoire de se coucher ou de se lever [tôt]. Au niveau du travail de l'organisation le camarade a réussi à être très très en retard pour la Rint. Pour le Bint, le camarade dit «j'apporte le texte jeudi ou vendredi». Pas de nouvelles. Le dimanche il me dit «j'apporte ce soir». Pas de nouvelle. Le lundi il appelle et j'avais quasiment fini de tirer le lundi soir quand il a apporté le texte. Il faut toujours que le camarade soit le dernier. Tant qu'il n'a pas le couteau sous la gorge. C'est une question politique : manque de conviction qu'on travaille collectivement. Il faut toujours travailler différemment avec toi qu'avec les autres."

Olivier : "qu'en pensent les membres du BI ? Catastrophés ?"

Krespel : " je me demandais quelle sanction on peut prendre".

Au-delà des tâches réalisées ou non, on voit comment le dysfonctionnement collectif permanent occasionné par l'individualisme de Peter a aussi des effets négatifs sur les camarades qui sont dépendants de son travail. Avec le recul, ce qui est surprenant c'est la "mollesse" que les camarades, en particulier du SI, ont eu vis-à-vis du rythme social et des retards de Peter tout au long de ces années.

Krespel : "est-ce que le camarade est d'accord avec le diagnostic par le SI ?"

Peter : "indépendamment du travail de l'organisation je suis bordélique."

Krespel: "est-ce que tu es d'accord que c'est de l'individualisme petit-bourgeois ou autre chose ?"

Peter : "c'est un aspect des choses ; manque de souci du collectif et manque d'organisation."

Krespel:"es-tu d'accord que ce mode de vie a des répercussions dangereuses pour l'organisation ?"

Peter : "oui".

On voit encore une fois comment le camarade résiste à chaque fois aux questions directes et essaie de noyer le poisson, de répondre à côté, juste à côté, mais à côté. Il faut insister à chaque fois énormément pour qu'il réponde à la question.

Marca : " moi-même, j'ai eu un mode de fonctionnement analogue et ça a été toute une lutte pour surmonter ça. Un des éléments qui m'a fait comprendre politiquement c'est une intervention de MC sur les ex-estudiantins [les étudiants], la seule échéance c'est la fin de l'année [c'est-à-dire la période d'examen]. Il faisait une comparaison avec l'ouvrier et la pointeuse. Il faisait la comparaison avec la Fraction où c'était majoritairement des ouvriers ; il y avait une rigueur. Ca m'a beaucoup aidé à comprendre, à surmonter et à faire un effort ; c'est bien une vision politique. C'est des restes de visions individualistes, petites-bourgeoises, manque de travail collectif. Et l'idée "je suis en retard mais c'est bon", c'est des restes d'une vision élitiste."

Il est intéressant de voir que Marca reprend le début d'explication que Peter avait donné au SI élargi du 29/11/97 à partir d'une vision "sociologique". Quand la question sera soulevée d'une autre manière, plus largement, et en rejetant l'explication sociologique, dans la BII 278 avec le texte de Juan "Confiance vérifiée et quelques réflexions sur le militantisme communiste", non seulement Peter y verra une attaque personnelle, mais Louise critiquera cela comme une vision sociologique et ouvriériste (cf. BII 283). Intéressant aussi l'idée de Marca qui voit dans cette attitude un reste de vision élitiste chez Peter.

Pendant ce temps, la situation du couple continue à se dégrader. Au SI du 15/1/98 :

Peter : "dimanche matin, ça n'allait pas... et depuis. On a eu encore une discussion sur la séparation ; ça revient régulièrement. Pour le moment, cette fois-ci, elle n'en a pas parlé à M. J'ai dit qu'il fallait réflexion (...). Non, je n'ai jamais parlé de séparation", dit-il pour sa part.

Comment comprendre cette insistance permanente de Louise sur Peter pour une séparation qui ne se fait jamais ? Et que Peter ne veut pas. N'est-ce pas là un chantage permanent ? Une pression permanente sur Peter ? Cela peut être plus ou moins conscient. Mais le fait n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'une pression permanente. C'est sans doute ce qui arrive dans de nombreux couples. Mais le problème ici, nous le savons, c'est que ce chantage ou cette pression s'exerce sur un militant de l'organisation.

Autre remarque : Louise va mal, tombe malade, quelques jours après le SI élargi qui a vu les membres du BI poser et commencer à s'attaquer à la question du comportement militant. Nous avons déjà relevé dans la partie précédente (SI du 19/4/98) qu'elle va mal quand l'organisation va dans ce sens.

2) Louise et ses chantages : un comportement communiste ?

SI du 27/1/98 :

Michel : "à l'initiative du SE, une délégation SI/SE auprès des camarades pour voir les implications de la situation personnelle pour l'organisation etc. Michel-Aglaé y sont allés (...). En gros, Louise a dit qu'elle était d'accord, qu'il pouvait y avoir des implications, mais qu'elle n'avait aucune intention de démissionner (il faut remarquer que ni Aglaé ni Michel n'ont fait référence à la question de la démission). [pourquoi met-elle toujours en avant cette question de la démission alors qu'elle n'est pas posée ? C'est un peu comme la question de la séparation. Soulignons que Peter est présent. Est-ce que cela s'adresse à lui ?] Qu'elle était moins solide que Peter, qu'elle avait moins la pêche [l'enthousiasme] pour faire le travail politique. Les camarades étaient OK ; une discussion sur l'impact différent sur Louise ou sur Peter. Plus diffus sur ce dernier que sur Louise, mais existait néanmoins. Le mandat n'était pas de discuter les problèmes personnels particuliers. Apporter solidarité et soutien. Et dire attention que ça ne déborde pas sur l'engagement militant et la vie organisationnelle.

Dans la continuité, il y a eu une discussion sur «que faire» du point de vue personnel, appréciations de chacun sur la situation, qu'est-ce-qu'il en était. Profond désaccord entre les deux sur toute une série d'aspects : nous pensons que Peter va faire des efforts pour changer, pour Louise c'est «il ne changera jamais» ; [N'est-ce pas là une tentative de culpabilisation de Peter ?] mais plus important, Louise a fait tout un développement sur la question du militantisme intégral disant que ce n'était pas que dans le clan [pavillon de 1993], qu'elle aussi voyait les choses comme ça. Analyse assez binaire de la situation : en gros, elle a fait fausse route dans toute sa trajectoire personnelle dans l'organisation car imprégnée par la vision du militantisme intégral [c'est justement une des questions que le BI avait mandat du 13e congrès de poser. C'est justement une des questions qu'il pose avec l'ouverture du débat dans le BII 276. C'est justement une des positions que le texte de Juan Confiance vérifiée et quelques réflexions sur le militantisme communiste (BII 278) posait. C'est à l'ouverture de cette discussion que l'on – Louise en particulier - va s'opposer sous des prétextes divers et variés. Pourquoi ?]

"Après, avec Aglaé : un aspect qui est gênant dans cette manière de voir les choses : la répétition que [ce n'est] «pas seulement le clan». On avait l'impression qu'elle le découvrait [il y a une vision tout à fait partielle du combat de 93 et des leçons que nous en avons tirées]. Déjà elle a une vision un peu déformée même de ce qu'on a dit par rapport à ce type de problème. En plus on peut extrapoler à toute l'organisation les critiques portées au clan. Et ne voit pas qu'il y a eu des résistances, même minoritaires, et qu'en plus c'est clarifié maintenant. Elle reste braquée sur le passé. Pas de préoccupation sur comment continuer maintenant. Un peu embêtant car on a l'impression qu'elle ferme toutes les portes : aussi bien au niveau personnel (c'est rapé, ça ne changera jamais) qu'au niveau général (fausse route, il faut repartir à zéro) [c'est constamment que Louise mélange les aspects personnels, sa vie de couple et les aspects politiques, sa vie militante et ses rapports à Peter. D'un aspect d'un des niveaux, elle tire des conclusions sur l'autre niveau, et vice-versa]. Peter le confirme :

"Il y a une confusion dans la tête de Louise. Sur le caractère bordélique de ma façon d'être : elle le rattache à mes origines dans une famille anarchiste. Elle mélange les questions politiques, les griefs contre ma famille et les griefs sur mon caractère."

Pourquoi cette apparente confusion de Louise sinon pour nous détourner des vraies questions ?

Michel : "Autre point qui me revient : l'histoire du «couple de militants». On lui dit attend, ce n'est pas un «couple de militants», mais 2 personnes qui sont militantes qui ont des problèmes. Sa vision : toute l'organisation, c'était des «couples militants». On a du rectifier cela, 2 militants et ça peut avoir des conséquences sur l'organisation." [Encore une "confusion" politique sur le "couple militant". C'était des théories du clan-pavillon que le combat de 93 a rejeté défintivement].

"L'autre aspect, la question de Peter : dans cette situation, le seul élément qui peut être moteur pour que la situation change, c'est Peter (...). Mais je pense qu'essentiellement la balle est dans le camp de Peter : il a les clés pour débloquer la situation que ça aille ou non dans le sens d'une séparation. Mais Louise n'est pas en état d'essayer de faire des projets par rapport à l'avenir. Elle a une vision tellement noire depuis le début de la relation [avec Peter] et même avant" [contrairement à ce qui est dit aujourd'hui, c'est Louise qui ne fait pas confiance à Peter et qui le discrédite à l'avance. C'est le SI qui lui fait confiance et le défend comme militant et comme compagnon].

"Je crois que ça urge, car si Louise continue avec ce raisonnement très global et binaire, elle va finir par tout foutre en l'air. Pas seulement le clan, toute l'organisation. Avec Peter, c'est complètement faussé. «L'enfant c'était une erreur colossale»."

Voilà ici une autre tentative de culpabilisation de Peter. Mais pas sur n'importe quel sujet : sur l'enfant. N'est-ce pas particulièrement grave et destructeur ? Nous savons que c'est le quotidien que Louise offre à Peter depuis des années. Quel souffrance pour le camarade ! Est-ce que ce type de problèmes personnels, avec ce type de comportement d'un camarade sur un autre camarade, n'est qu'une question "privée" ? L'organisation doit-elle laisser passer ce type de situation ?

"En plus elle est revenue longuement sur le fait que Simon l'avait obligée à rompre avec son copain de l'époque, comme si elle y était presque, et ça fait 20 ans." [Quel est le rapport avec les problèmes de 1998. Il y a toujours chez Louise une fixation par rapport à ce passé commun (?) avec Simon. Nous le verrons encore par la suite. Pourquoi  ?]

Peter : "Par rapport à son ancien copain, Simon lui a dit qu'elle ne pourrait s'approcher du CCI que si elle rompait avec ce type-là. Or pas de pré-condition. [confirmation par Peter qu'il y a là une préoccupation chez Louise. Pour le moins, apparaît ici une fois de plus l'idée qu'elle aurait sacrifié quelque chose pour le CCI. Ca rejoint ce qu'elle dit sur l'éducation de sa fille. Mais pourquoi cette fixation et ces réactions systématiques sur ce passé si lointain et ce lien – auquel personne ne pense alors -avec Simon ?]

"Sur le militantisme intégral : ça vient parasiter notre relation au sens où elle le pose: j'ai été prisonnière de ce truc et comme Peter partage la même vision, si je suis avec elle, c'est parce qu'elle est militante. C'est quelque chose qui nous rapproche. Ca la travaille beaucoup." [C'est apparemment la confusion la plus totale chez la camarade. Quelle part de responsabilité dans cette vision "politique" fausse de la part de Peter ?]

3) La "politique" du SI vis-à-vis du couple et les menaces de séparation de Louise

SI du 27/1/98 :

Michel : "une des choses qui nous a fait penser qu'il fallait que tu manifestes ta volonté [de vivre avec Louise], même si elle dit que ce n'est pas la peine, c'est qu'elle répétait ... elle ne sait pas ce que tu veux. Dans les mots, tu peux dire la messe. Il faut que tu fasses des choses dans la pratique. Apparemment, elle cherche la bagarre. Il faut accepter la bagarre au bon sens du terme : conflit sur le bon ring. Si tu ne veux vraiment pas la séparation, il faut que tu sois déterminé pour que cette séparation ne se fasse pas, donc prendre toutes les mesures concrètes." [voilà le "méchant" Michel qui voulait la séparation du couple selon le rapport de la CI prenant en compte les propos de Louise à l'automne 99].

Peter : "c'est très ambiguë elle est très attachée à moi, mais elle est persuadée que je ne l'aime plus."

Michel : "tu l'insécurises complètement. La gentillesse de caractère ne fait pas la sécurité" [conseils d'ami, ou conseils fraternels entre camarades, en solidarité, dans le cadre d'une orientation politique et d'une défense politique de militants]

Jonas : "moi aussi j'ai discuté avec elle. L'exemple le plus frappant sur le militantisme intégral : celui qui était le défenseur du militantisme intégral, c'était lui, Peter. Son passé anarchiste. [toujours Louise qui porte ce type d'accusations contre Peter, et si c'est faux, c'est elle qui le discrédite dans les couloirs auprès des "amis"].

Vrai qu'elle est remontée à bloc [en colère], mais toujours le sentiment d'une ambiguïté : sur ses comportements, sa vie folle, mais régulièrement il y a l'expression chez elle de vouloir le [Peter] protéger."

A partir du mois de mars, Peter arrive en retard à cause des devoirs scolaires de sa fille qu'il doit aider (SI du 12/3/98). Il arrive aussi en retard car Louise a des problèmes à son travail (SI du 19/3/98).

Le SI du 19/4/98 :

Peter : " en ce moment ça va très mal, je ne sais pas pourquoi (...).C'est nos relations et Louise va très mal." La rentrée voit surgir encore une nouvelle crise liée cette fois à l'éducation de leur enfant (SI du 17/9/98). La dernière réunion de l'année (SI mensuel du 20/12/98) qui a lieu chez le couple, se termine par un incident avec Louise :

Elise (point d'ordre) : "le camarade Peter s'agite sans arrêt. Louise est mécontente car les travaux [de la maison où a lieu la réunion] n'avancent pas du fait de notre présence. Que fait-on ? Cela implique une autre camarade, donc il faut décider."

Olivier : "vous ne parlez pas ensemble Louise et toi ! Il y a un manque de clarté sur les questions d'organisation. Donc à midi, on part, comme ça on ne crée pas d'autres problemes."

Par ailleurs, Peter n'a pas rendu son article pour la Revue internationale. Sinon elle serait finie.


Cette année 1998 s'achève donc sur une note tout aussi négative qu'elle avait commencé : la dynamique de "dysfonctionnement" de Peter continue, voire s'aggrave. Le couple s'enfonce dans la crise. Les camarades continuent à mélanger allègrement problèmes personnels et questions politiques. Louise prend à témoin l'organisation et certains camarades individuellement dans son affrontement à Peter. Nous allons voir que cela va s'accélérer en 1999 jusqu'à la crise de l'été et que le SE va être utilisé par Louise pour régler ses comptes avec Peter. Enfin, 1998 a vu une dynamique de contestation du SI par le SE à son plus haut point. Même si elle semble avoir été résorbée, cette dynamique va continuer. Les rôles déterminants de Bruno et Louise dans cette dynamique sont manifestes.

Enfin, le comportement de Louise auprès de son compagnon et dans l'organisation n'est pas un comportement de militant communiste. Il aurait du être posé et combattu.


Home | Bulletin Communiste FICCI 10 |