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La politique du SI et les préoccupations de Louise.

Face à cette situation où Louise pousse à ce que l'organisation fasse pression contre Peter en participant à son chantage à la séparation, quelle a été l'attitude du SI ? Aujourd'hui, on l'accuse d'avoir voulu la séparation du couple contre l'avis de Peter et de Louise. Les notes que nous avons présentées dans la partie précédente prouve que c'est Louise qui pousse à la séparation, ou en tout cas qui pose en permanence cette question. Lorsque, suite à une discussion au SE, Peter va vivre trois jours chez Olivier, le SI critique la précipitation et Louise reconnaît à cette occasion que c'est elle qui a voulu cette séparation précipitée. Nous avons vu que cela fait partie de sa politique de pression sur son compagnon.

1) Quelle est la politique du SI face à la question de la séparation posée par Louise ?

Avant que le SI baisse les bras (cf. notes du 23/9/99 dans la partie précédente) et refuse d'intervenir dans les problèmes du couple, il s'est retrouvé en plein été avec une crise à son paroxysme. Il a fallu qu'il intervienne en catastrophe face à une situation d'impasse et "d'autodestruction" pour reprendre les termes de François.

SE/SI du 12/08/99 :

Point Peter-Louise. (président : Michel)

"Le problème est un problème d'organisation. Pour votre propre implication dans l'organisation. On pense vous demander de vous séparer à discuter pour l'organisation, afin de prendre du recul face à une situation qui même si elle n'est pas linéaire, une constante de crise. Il faut prendre les mesures draconiennes [lesquelles ?] pour pouvoir envisager une suite. Sinon danger pour vous, pour l'organisation ; On discutera de ça avec tous les deux pour voir comment on argumente. Elément essentiel : si vous êtes convaincus, ok mais si vous ne l'êtes pas, il y a une question de confiance dans l'organisation qui s'impose. Ce n'est pas à la légère qu'on prend en compte les éléments pour une telle décision. Ensuite on voudrait savoir comment toi tu es".

Les notes ne sont pas très claires. C'est la seule réunion où il peut y avoir une confusion sur les intentions du SI. Au plus fort de la crise que vivent les deux camarades, le SI leur demande de se séparer "afin de prendre du recul". Il est effectivement demandé aux camarades de faire confiance dans l'organisation. C'est dans ce sens que le SI se réfère à ce que l'organisation avait demandé à Elise [lors de sa séparation avec Simon-JJ]. Néanmoins, il n'apparaît pas clairement dans ces notes si c'est un "ordre" du SI ou bien une suggestion afin de réfléchir ou de résoudre une situation de crise. Les notes des réunions suivantes sont beaucoup plus explicites.

SI-SE du 19/8/99 :

Aglaé a fait une présentation. Peter a affirmé son désir de ne pas quitter Louise (cf. les notes dans le chapitre précédent). Michel est le 3e à intervenir.

Michel : "La proposition n'est pas de divorcer, mais de se séparer dans la vie quotidienne pour quelques temps".

Louise intervient juste après avec la citation que nous avons déjà vue dans le chapitre précédent et que nous rappelons : "Pour moi la question de la séparation s'est posée de manière périodique (...). Je pense que la séparation ce serait la solution la plus simple comme ça mais c'est la plus compliquée (...). Moi j'insiste sur la séparation c'est le psy qui ramène l'impossibilité"

Olivier : "on ne parle pas de trancher [Olivier précise en opposition à ce que dit Louise] on propose seulement comme un moyen pour prendre du recul. on ne peut pas décider à votre place. Par contre on prendra une décision draconienne si une nouvelle crise" [que voulait dire Olivier sur "décision draconienne" ? On ne sait pas, mais par contre, les interventions de Michel et d'Olivier sont claires et en deça de l'attitude de Louise vis-à-vis de Peter. Elles sont beaucoup plus "conciliantes" et "parient" sur l'avenir du couple].

Et Michel revient : "15 jours de séparation ça va déjà mieux". Rappelons que le couple selon François est en train de "s'autodétruire" et que cela fait plusieurs séparations temporaires en à peine quelques mois, dont deux en un mois. Sans parler du fait que, quand ils sont dans la même maison, ils "vivent séparés" très souvent et en conflit.

SI du 9/9/99 :

Olivier: "on a voulu que les 2 camarades viennent. Ce ne doit pas être un point long. Le but c'était de faire le point, dire quelle était notre orientation il y a 15 jours, pour éviter des mauvaises interprétations. Si vous êtes d'accord, on fait très rapidement. On peut voir où en sont les camarades, s'ils le souhaitent.

Le SI ne peut pas rentrer dans les affaires personnelles des camarades, leurs interprétations. Le but c'est la défense de l'organisation et des camarades. On s'est rendu compte que les camarades se détruisaient. Notre but était de proposer quelque chose pour y voir clair. Mais la décision est de la responsabilité des camarades".

Michel: "On avait dit séparation pour prendre du recul et reconstruire le rapport. [le souci du SI et de Michel n'est pas la rupture du couple, mais bel et bien la sauvegarde des militants et éventuellement la reconstruction du couple]. On avait dit qu'il fallait bouleverser le quotidien pour pouvoir y voir plus clair, comment reconstituer les liens si c'était possible.

Si on pensait que la thérapie (1) toutes les semaines suffisait, on n'en parlerait pas toutes les semaines dans deux commissions. Il y a des tas de camarades qui ont des tas de problèmes et ils ne débordent pas dans l'organisation."

Nous arrêtons là les citations qui montrent clairement que le souci du SI n'est pas de faire rompre Peter et Louise, mais bel et bien de répondre à une situation d'autodestruction des camarades et du couple, situation dans laquelle Louise n'a eu de cesse, via sa pression sur le SE durant plusieurs années, de faire intervenir le SI.

Il faut signaler ici un autre angle d'attaque de Louise contre Peter. Il consiste à l'enfermer dans une thérapie psy comme solution à leur problème. Et de fait, cela a comme conséquence de le détourner, et même de le mettre en opposition, du terrain politique et organisationnel.

2) Les préoccupations de Louise

A la suite de Michel, Louise revient dans cette réunion sur un sujet que personne n'a évoqué.

Louise: "on a dit qu'il fallait faire confiance à l'organisation. On a donné l'exemple de la camarade Elise. Mais il y a de grandes différences, pas seulement par rapport au cas Simon". Pourquoi  veut-elle encore une fois se démarquer de Simon-JJ alors que personne ne l'évoque ? On ne donne en exemple que la situation d'Elise. On sait aujourd'hui qu'elle a très mal réagi parce qu'elle croyait que le SI avait fait un parallèle entre les couples Peter-Louise et Elise-Simon. Il est évident que, dans la mesure où elle se place sur ce terrain, elle pense que nous avons fait correspondre Peter à Elise et donc Simon à elle, à Louise. N'est-ce pas troublant ?

Auparavant, Juan a mentionné les discussions parallèles que Louise et Peter ont dans leur couple et qui ne sont que très rarement rapportées dans l'organisation. Il critique une attitude de "cercle" en se référant aux leçons du débat de 93 valables pour tous les camarades.

Juan: "avant mes vacances il y avait eu une série de points soulevés [pas ouvertement, mais dans le couple]. L'aspect «Peter persécuté par le SI»".

Olivier: "ça on y reviendra au SI."

Juan: "la situation est grave. Il faut arrêter toute attitude de cercle. Il y a eu un débat [celui de 1993]. Les conclusions sont valables pour les deux camarades".

En fait, on s'aperçoit qu'il y a tout un tas de discussions particulièrement malsaines d'un point de vue organisationnel - ne faut-il pas "assainir le climat" ? -où l'on en déduit que les camarades n'ont de cesse de mêler l'organisation, voire de l'utiliser, dans leur conflit personnel. C'est ce qu'a fait Louise avec le SE.

Olivier: "la première question : assainir le climat, car il ne faudrait pas que les camarades pensent que le SI donne raison à l'un ou l'autre, ou prétend régler leurs questions personnelles (...)".

Juan: "il y a un risque là-dessus ?"

Olivier: "oui, car il existe l'impression que le SI donnerait [raison] à Peter. Et aussi Peter utiliserait l'avis de l'un ou l'autre. Mais ces avis ne sont pas autorisés, car on ne connaît pas les tenants et les aboutissants des problèmes ni de la vie privée des camarades."

Ces discussions particulières où l'on mélange le politique et le personnel sont reconnues par Peter :

Peter : précision : effectivement on a discuté à la réunion du SI où il y avait Olivier et Michel, hors ordre du jour. Il y a eu une discussion à bâtons rompus. Et j'ai rapporté [à Louise] un élément rapporté par un camarade avec un problème similaire et le même type de difficultés. Et la semaine dernière j'ai eu aussi une discussion avec Jonas et Elise, et j'ai rapporté aussi un élément de témoignage [à Louise] de camarade sur le même type de circonstances".

En soi, il n'y a rien de négatif à rapporter les expériences personnelles des autres camarades. Le problème c'est que Louise comprend, ou fait semblant de comprendre, que le SI prend position pour Peter. Ou bien que Peter prend appui sur les témoignages personnels pour "convaincre" Louise de la justesse de son point de vue. Toujours est-il que c'est catastrophique puisque c'est le SI qui est finalement mis en cause. Les camarades utilisent l'organisation et les camarades à leurs fins personnelles, dans ce cas dans leur conflit.

Ensuite, il est demandé aux camarades de réfléchir sur leur situation.

Louise: "qu'est-ce que ça veut dire «réfléchir politiquement à des choses qui te touche directement» ?

Michel: "Il y a des camarades qui ont essayé - à qui on a demandé- de le faire, très difficile, souvent pas parvenu à le faire" [ce n'est pas dans les notes, mais plusieurs interventions donnent pour exemple le cas d'Elise comme exemple d'une camarade non convaincue par les arguments de l'organisation sur une situation personnelle et qui a fait confiance à l'organisation. Visiblement, Louise est très sensible à tout ce qui pourrait la "rapprocher" du couple Simon-Elise. Pourquoi alors que personne n'y pense, ni même n'évoque la question ?] :

Louise: "en quoi on formerait un clan ?" [la question n'a jamais été soulevée]

Juan:" je pense qu'il y a des habitudes, des interférences [Juan, nous l'avons vu, mentionne une "attitude de cercle"]. Parfois il y a complicité de fait, même si vous êtes en bagarre, vis-à-vis de l'organisation". [ce que Louise confirme explicitement par la suite où elle reconnaît que Peter se plaint du SI. C'est à mettre en parallèle avec les affirmations de Louise sur le stalinisme du SI, dans les jours qui vont suivre et durant lesquels elle va tout faire pour entraîner Peter (cf. le chapitre précédent, notes du 23/9/99)].

Louise: "[il est] vrai que parfois Peter rentre stressé parce qu'il s'est fait engueuler [pour ses retard aux réunions et dans la rédaction des articles sans doute]. Je ne supporte pas que le camarade Peter fasse des intrusions dans les réunions du SE. Ca pose le problème des camarades militants qui vivent en couple." [Encore une fois, Louise ne situe pas ses problèmes dans le tissu pourri de Paris, mais dans son couple, ou bien dans les comportements organisationnels de Peter qui "s'immisce" au SE selon Louise elle-même. Elle en est toujours à ce moment à faire pression sur Peter sur son militantisme et sa démission]

Michel: "le problème n'est pas que les camarades discutent, c'est que les discussions soient rapportées dans l'organisation. Le devoir de chacun de rapporter sur la table dans l'organisation les discussions en aparté. Surtout les avis critiques et en particulier sur les questions d'organisation."

Louise: "dans ce cas, [on dirait qu'elle découvre ce "devoir" de rapporter à l'organisation] je rapporte une discussion que j'ai eue avec Peter, c'est que s'il arrive en retard au SI, c'est qu'il en a marre d'être au SI."

Pourquoi est-ce Louise qui s'exprime à la place de Peter ? Cette question n'a jamais été soulevée par Peter au SI. En fait, cette déclaration de Louise est absolument ignoble et dégueulasse. Elle met Peter dans une situation difficile vis-à-vis de l'organisation, et surtout vis-à-vis des camarades avec lesquels il travaille le plus souvent. Mais surtout cette déclaration joue un rôle tactique décisif. De ce qui était de la part de Peter un signe momentané de faiblesse, elle en fait le signe d'un état d'esprit permanent et définitif. En la laissant dire, sans même chercher à "nuancer", Peter se fait "coincer" dans cet état d'esprit.

En conclusion de cette discussion, Louise demande au SI ce qu'il propose.

Louise: "que proposez-vous ?"

Michel: "que vous fassiez un plan de gestion de la vie quotidienne pour que ça puisse être vivable. Depuis 3 ans, on demande à Peter d'aller à l'heure au travail, de rentrer à 7h30 à la maison, rien à faire."

Louise: "moi ça fait 15 ans que je le lui demande."

Jonas: "moi j'aimerais savoir que vous avez adopté une cohabitation pacifique. Est-ce se croiser dans les couloirs ou des moments communs ?"

Louise: "moi je mange à heure fixe. M. [l'enfant] s'est habituée au fonctionnement de son père." [Louise reste "ferme" et continue sa pression sur Peter alors que le SI essaie d'aider à la dépasser la situation de conflit].

Ces longs extraits des notes du SI devraient suffire à démentir l'affirmation sur la volonté du SI et de Michel en particulier, voire d'Olivier, de pousser à la rupture du couple. Par contre, elle confirme les différents propos et discours contradictoires – et qui ont des conséquences sur la vie organisationnelle - que Louise tient selon les moments et les lieux (dans le cadre organisationnel ou dans ses discussions particulières, ici avec Peter). Enfin, on voit une sensibilité extrême de Louise à tout "lien" quelconque avec le "cas Simon" alors que la question n'est jamais soulevée. Pourquoi ?


Notes:

1 [Peter et Louise vont tous les deux chez le psy et suivent en plus une "thérapie de couple".]


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