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Dans la bataille pour la construction de l’organisation, un éminent dirigeant, membre de l’organe central, avait mené bataille pour montrer toute l’importance de la question de la confiance comme fondement de la construction de l’organisation. A ceux qui tendaient de sous-estimer cette question ou qui ne l’abordaient que d’une manière trop particulière et empirique, il avait répondu par un discours d’orientation dont il ressortait essentiellement que la force de l’organisation résidait dans la confiance de chacun de ses membres à l’égard du tout et de ce qui représente ce tout : les organes centraux et leurs orientations. Et plus encore qu’à l’égard des OC (qui, collectivement, ne sont pas à l’abri d’erreurs), ce qui était important était la confiance à l’égard de quelques rares camarades (un, deux peut-être) qui avaient été, tout au long des batailles passées, ceux qui avaient toujours eu la vision la plus claire et la plus déterminée, ceux qui avaient maintes fois montré leur capacité à donner à l’organisation des textes d’orientation fondamentaux grâce auxquels celle-ci avaient pu faire face à ses tâches et confronter les difficultés du combat prolétarien. Toute perte de confiance des membres de l’organisation envers « les plus clairs », toute précipitation à s’engager dans des « pauvres débats » sans attendre que ces camarades les plus clairs n’ait parlé et fourni notamment un texte d’orientation, ne pouvait selon lui que conduire au désordre et à la confusion et finir par déboucher immanquablement sur des actes répétées d’indiscipline. Confiance et discipline d’une part, clarté et détermination d’autre part, voilà, disait-il, les deux mamelles qui constituent le véritable esprit de parti.. Par une heureuse répartition de la nature, il se trouve que, pour que l’organisation remplisse son rôle, à chaque combat mené, il avait fallu -et il avait suffi- que la confiance et la discipline répondent présent du côté du plus grand nombre (sauf quelques uns qui furent perdus en route pour avoir manqué à cet esprit de parti ), tandis que les plus clairs et les plus déterminés des militants, personnifiant par leur expérience et leur grande valeur théorique l’autre face de l’esprit de parti, avaient pu indiquer la voie à suivre à ce plus grand nombre..
Malheureusement, il a du batailler durement pour faire triompher cette évidence. En effet, à cette époque, la société était envahie par une espèce d’euphorie démocratique qui avait envahi tous les pores de la vie sociale. La démocratie venait de triompher définitivement du camp « totalitaire » qui, durant des années auparavant, avait disputé au camp « démocratique » le partage du monde. A cette époque donc, le poids de l’illusion démocratique pesait lourdement sur les consciences. C’est pourquoi, parmi les militants, y compris les plus anciens et aguerris, il s’en est trouvé une poignée qui, probablement déjà usés dans les précédents combats, se laissèrent aller à une dérive « démocratiste » en matière d’organisation. Ils s’embarquèrent dans une critique incroyable du caractère prétenduement « hiérarchique » et « élitiste » du point de vue de notre dirigeant. Ils s’acharnèrent à nier l’évidence que le débat interne lancé, à propos de vulgaires questions immédiates posées par la situation concrète, sans attendre de disposer d’un texte d’orientation digne de ce nom ne pouvait qu’être particulièrement « pauvre » et surtout semer le trouble et la confusion. Au contraire, ils prétendirent avec aplomb que la discussion la plus large, impliquant toutes les parties de l’organisation, tous les militants, les invitant à prendre leur responsabilité, à exprimer leurs convictions comme leurs doutes, était le seul moyen pour que l’organisation surmonte les difficultés rencontrées et se renforce politiquement. Ils prétendirent même que, puisque des querelles de personnes se mêlaient au débat politique et en rendait le démêlage difficile, l’ouverture de ce débat au plus grand nombre, dans le cadre le plus large de toutes les sections du parti, au lieu de le laisser confiné dans les cercles restreints où il avait pris naissance, était la seule voie pour que le véritable fond politique de la dispute puisse faire enfin surface.
Cette histoire qui ressemble à une histoire connue n’est pas celle que vous croyez. Nous sommes en 1946, au lendemain de la seconde guerre mondiale où la démocratie vient de triompher du totalitarisme nazi. La poignée de militants qui cède ainsi à « l’euphorie démocratique ambiante» sont ceux de la GCF qui s’opposent à une conception de l’organisation défendue et pratiquée dans le PC internationaliste d’Italie, laquelle prétend faire de la « discipline » la force principale de l’organisation et qui considère qu’il ne faut surtout pas que les militants ne se mêlent de réfléchir et discuter avant qu’un chef génial et infaillible ne leur ait donné « l ’Orientation » à suivre, sans quoi on risquerait de « semer le trouble et la confusion dans le parti ». Cette histoire est rapportée et passé au crible d’une critique acerbe par un militant de la GCF nommé Marc (alias MC) et parut dans une série d’articles d’Internationalisme en 1947. Le CCI s’en réclamait jusqu’à présent, puisqu’il avait republié deux de ces articles, dans les numéros 33 et 34 de notre Revue internationale. Nous ne pouvons qu’inviter chaudement tous les camarades du CCI à les relire avec attention et à réfléchir.
01/01/02
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