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Durant la réunion panaméricaine (du 13 et 14 octobre), la camarade Aurora a fait une intervention dans laquelle elle a donné un "témoignage" d'une réunion qui s'est tenue le 2 septembre entre une partie de la section (RM) et le camarade Juan. Dans cette intervention, Aurora a dit qu'elle "voulait s'inscrire dans la défense de l'organisation et pour la destruction du clan". Elle a présenté cette réunion comme une preuve des "attitudes claniques de RM". A sa suite, cette intervention a été qualifiée par le présidium de la réunion comme "une preuve supplémentaire des réunions secrètes du clan" et immédiatement après le camarade Peter a fait une intervention sur les "rumeurs qui ont couru sur la camarade Louise" en terminant son intervention par l'affirmation selon laquelle "Juan n'était pas un agent de l'Etat mais qu'il se comportait comme un agent de l'Etat et que ce type de conduite méritait l'expulsion".
Vu l'extrême gravité de toutes ces affirmations, je demande à la section que soit éclairci ce point de la réunion avec Juan. Et je veux ici exprimer mes souvenirs et mes réflexions sur celle-ci :
- en premier lieu, la réunion avec Juan n'a pas eu de caractère "secret". De fait, avant, le jour même de celle-ci, j'ai informé durant la réunion de section que le camarade Juan se trouvait en vacances de passage dans la ville. J'ai informé qu'il ne venait pas avec un mandat pour la section et j'ai proposé que nous puissions le rencontrer. Ainsi, j'ai même proposé la possibilité de nommer une délégation formelle pour éviter que l'on puisse penser à une réunion "parallèle" – ce que je combattais alors dans la section face aux réunions Peter-Louise-Bruno. Mais d'autres camarades ont défendu qu'il n'y avait aucune raison spéciale pour une délégation formelle et que les camarades qui le désiraient, pouvaient le rencontrer de manière informelle. C'est là-dessus que s'est mise d'accord la section. De fait, ce fut presque la moitié de la section qui a été présente à cette réunion. Et dans mon souvenir, la proposition était de saluer notre camarade, de lui exprimer notre solidarité et, certainement, d'écouter sa version sur la situation de l'organisation.
Il faut dire que la rencontre avec le camarade Juan a été remplie d'émotion. Tous l'ont salué et l'ont quitté très chaleureusement. Et même les camarades Aurora et Pablo lui firent un cadeau. Pour autant que j'en sache (vu que peu de temps après, j'ai fait le voyage pour le BI), la réunion avec Juan n'a pas été mentionnée en section. Pas plus que les camarades présents n'ont vu la nécessité d'informer sur quelque chose de particulier, les camarades qui n'étaient pas présents n'ont demandé ce qui s'était passé. Il faudrait se demander pourquoi. Mais me semble abusive et fausse l'interprétation selon laquelle c'est du au fait que cette réunion a eu une tournure "clanique" ou même "secrète". Si on n'a pas donné plus d'importance à cette réunion, c'est justement parce qu'elle avait été une réunion informelle, pour saluer Juan et pour l'écouter. Et comme l'a dit la camarade Aurora elle-même durant son intervention à la réunion panaméricaine, "en réalité, il n'y a pas eu d'arguments nouveaux". C'était les mêmes idées que celles de Leonardo…".
Dans son intervention dans la réunion panaméricaine, la camarade Aurora donne l'impression d'avoir été trompée, d'avoir été une victime : "en y allant, nous avions à l'idée d'exprimer notre solidarité avec Juan pour son état altéré. Nous avions l'idée d'une discussion entre amis et d'aller prendre un café, et non l'idée d'une discussion politique. Leonardo a dit que nous irions prendre un café. Mais ensuite, la réunion s'est transformée en une discussion politique sur les questions actuelles".
Si cela s'est déroulé ainsi, il faudrait demander à la camarade Aurora pourquoi ce fut elle précisément qui a posé la plus grande partie des questions politiques à Juan ? Il faudrait lui demander aussi, s'il lui semble qu'elle a été trompée et qu'elle a assisté à une réunion clanique ou secrète, pourquoi a-t-elle tardé plus d'un mois pour en informer l'organisation ?
Dans son témoignage à la réunion panaméricaine, la camarade s'est justifiée de manière répétitive en disant qu'elle "était dominée par le clan". Cela n'est pas vrai (et je me réfère ici non à l'existence ou non du clan, mais au fait que la camarade Aurora aurait partagé la position de Juan et Leonardo, ou qu'elle aurait été "sous leur domination"). Durant la réunion de section, le jour même et avant la réunion avec Juan, la camarade Aurora a fait une intervention très forte – si je me souviens bien par rapport au "blâme" contre Juan pour le 9 mai – en disant que tant Leonardo que Juan avaient effectivement des attitudes claniques qui devraient être condamnées. Je pensais que la camarade Aurora profiterait de la réunion avec Juan pour le questionner, pour le "conseiller" de "se calmer", pour qu'il abandonne "ses attitudes anti-organisationnelles". Ou au moins pour lui demander quelle était la version de Juan sur ses propres comportements. Mais au lieu de cela, la camarade Aurora a adopté dès le début de la réunion une attitude comme si elle partageait les positions de Juan. Le malaise que cette attitude de sa part m'a provoqué, m'a amené à formuler la demande que "si un camarade avait des doutes sur Juan, qu'il le questionne là-dessus pour qu'il puisse lui-même donner sa version" (je ne me souviens pas des paroles exactes). Ce fut alors que la camarade Aurora a questionné Juan, non sur son comportement, mais en premier sur le contre-rapport et si celui-ci pouvait "amener à une division de l'organisation". Face à cette question, le camarade Juan a développé sa position sur l'existence, au-delà de l'unité formelle, de deux conceptions politiques irréconciliables au sein du CCI. Et il a mentionné que durant tout un temps, la lutte pour la défense des principes de l'organisation, pour l'unité réelle de l'organisation, avait passé par la tentative de faire que Peter – vu son autorité politique dans l'organisation – revienne vers les positions de celle-là, mais que cet aspect n'était plus déterminant dans la mesure cela n'avait pas été obtenu.
Ensuite, la camarade Aurora a questionné directement Juan sur la possibilité d'une manipulation sur Peter et sur le comportement de Louise, en insinuant qu'elle pouvait être un agent de l'Etat et s'il avait des preuves. Juan a répondu que sa position ne pouvait se baser sur des hypothèses, mais qu'il soutenait que Louise avait eu "des comportements indignes d'un militant", et qu'il était arrivé à cette conclusion à partir d'un travail historique sur les PV du SI. C'est alors que la camarade Aurora a fait le commentaire qu'elle a rappelé dans son intervention lors de la réunion panaméricaine : as-tu des copies de ces PV ? Tu dois les protéger car ils peuvent être escamotés" (expression mexicaine qui donne à entendre qu'on peut les cacher ou les voler). Et ce fut là le conseil que la camarade Aurora a donné à Juan.
En résumé, Juan n'a pas donné "d'arguments nouveaux" allant au-delà de ce qu'il a répété ouvertement dans toutes les instances de l'organisation où on lui a permis de s'exprimer. En tout cas, il a expliqué sa position politique, la même que celle qu'il a maintenue durant tout ce temps, dans une réunion informelle avec une partie de la section de RM.
Pour sa part, la camarade Aurora a critiqué fortement Juan durant la réunion de section juste avant en affirmant que Juan avait eu des attitudes claniques. Quelques heures après, face à ce même camarade Juan et une demi-douzaine de camarades, non seulement elle n'a pas répété sa critique, ni ne l'a interrogé sur son attitude, ni même exprimé sa propre position, mais au contraire, la camarade Aurora a donné l'impression à Juan qu'elle était d'accord avec les positions qu'il défendait. Et non seulement cela, mais elle a même été jusqu'à donner des conseils à Juan pour "se protéger des autres". Un mois plus tard, la camarade Aurora découvre, dans cette réunion, la preuve irréfutable que Juan (et au passage aussi Leonardo) n'a pas seulement des attitudes claniques, mais qu'il a aussi semé le clan dans RM, qu'il y a eu des réunions "claniques" et "secrètes" alors qu'elle a été une pauvre et innocente victime de machinations obscures qui l'on fait finalement tomber "dans la domination du clan (avec d'abondantes larmes) bien qu'elle ait essayé de maintenir le cadre de l'organisation".
Je pense que la camarade Aurora n'a pas été victime du clan. Je pense que, malheureusement, la camarade Aurora a été victime de sa propre double attitude, de son propre double-langage.
Et je pense que si c'est avec ce type "d'autocritiques" qu'on va mener la "déclanification", si c'est avec ce type de "témoignages", de "preuves" et de "découvertes, qu'on juge, qu'on suspend ou qu'on expulse des militants, alors oui le CCI est mal parti.
Ldo, 28/10/01
Lors de la réunion du 26 août, le camarade Leonardo a signalé en réunion de section que le camarade Juan était au Mexique et qu'il passait ses vacances dans le Sud du pays. Dans la section, il y eut alors des commentaires exprimant une certaine surprise qu'il soit dans le pays sans visiter la section. Il y eut même des commentaires de Aurora, de Pablo et de Sergio. Quelqu'un dit même qu'il avait tort de ne pas visiter la section. Je ne me souviens plus de qui, Sergio ou Pablo, a prononcé cette phrase. Leonardo avança que Juan ne le faisait pas pour ne pas aggraver encore plus les problèmes.
A la réunion du 2 septembre, le camarade Leonardo informa la section que Juan était à Mexico ville avant son retour en Europe. Leonardo invita les membres de la section qui voulaient le saluer à le faire puiqu'il avait un rendez-vous au monument José Marti à 7 heures du soir. Quelques camarades dirent qu'ils ne le verraient pas comme Alberto qui pensait que la famille de Juan pouvait informer des camarades en Europe ce qui pouvait causer des problèmes. MA dit que ceux qui voulaient le voir, le pouvaient. Que s'il y avait des commentaires politiques, que la section en soit informée. Carlos ou Julio, je ne me souviens plus avec exactitude lequel des deux, dit que s'il pouvait y aller il irait.
Quand je suis arrivé à 7 heures du soir, les camarades Juan et Leonardo étaient déjà là. Aurora et Pablo saluèrent très fraternellement Juan en lui offrant un cadeau. Il s'agissait d'un baton. Le camarade Juan leur demanda ce que c'était. Ils lui répondirent que c'était un baton de pluie (1) qui servait à se calmer. Et en blaguant, la camarade Aurora lui dit qu'il servait à cela, mais que si ça ne le calmait pas, il pouvait aussi donner des coups à ses opposants. Je ne me souviens pas avec exactitude à qui elle se reférait.
Là, nous allâmes discuter dans un parc. Il y avait Juan, Ldo, HM, Irma, Aurora, Pablo et Vicente. Dès le début de la réunion, la camarade Aurora montra qu'elle n'était pas là pour connaître l'état du moral du camarade Juan mais parcequ'elle était intéressée de savoir comment étaient les questions politiques dans l'organisation. Ce fut elle qui lui posa les questions à caractère politique comme lorsqu'elle demanda si les archives étaient dans un lieu sûr, pour qu'elles ne se perdent pas. Juan lui répondit qu'elles étaient dans un lieu sûr. Ensuite, la camarade Aurora demanda à Juan les raisons pour lesquelles on en était arrivé à une telle situation. Je ne me souviens plus comment la camarade Aurora formula sa question. Mais c'était en relation avec la famille de Peter. Juan répondit que ce n'était pas un phénomène nouveau, que ce problème de famille avait été traité à plusieurs reprises dans les réunions du SI et du BI. Cette histoire se trouve dans les PV depuis qu'ont commencé les difficultés du couple. Il dit même que ces problèmes avaient été traités avec François lui-même membre de la CI. Ensuite, il dit avoir posé tout cela dans un historique qu'il avait rédigé, mais que sa publication était censuré. C'est alors que le camarade Juan dit que s'il finissait pas quitter le CCI, il publierait cette histoire si c'était impossible dans le CCI.
Je me rappelle que le camarade Juan, comme d'habitude en beaucoup d'occasions, nous encouragea à continuer à lutter et que les problèmes que rencontrait le CCI aujourd'hui, ne devaient pas être un motif de découragement.
C'est ce dont je me souviens. Je veux seulement dire une chose : dans une organisation communiste, il n'y a rien de plus dommageable en son sein que la méthode de faire des hypothèses sur un camarade avec l'idée de lui tendre un piège; et ensuite de manière préméditée de le provoquer à commettre n'importe quelle erreur et après l'avoir obtenue, présenter l'hypothèse comme prouvée scientifiquement, comme une vérité scientifique. Pour moi, ce type d'agissements est quelque chose qu'un révolutionnaire ne peut jamais cacher à la classe ouvrière et encore moins aux membres de son organisation. Il ne peut y avoir rien de plus destructeur que de cacher la vérité au sein d'une organisation ou de pousser au développer de constestations entre camarades.
En avant camarades, qu'il n'y a rien de plus beau que de dire la vérité à nos camarades et à notre classe.
Vicente.
Le cas du camarade Juan, qui vient de subir une nouvelle mesure de suspension, nous amène à rappeler à tous les militants de l'organisation une page de l'histoire du mouvement révolutionnaire dont le CCI, en principe, se revendique
En juin 1925, Ugo Girone (2) est expulsé du PCI. Ce fait est divulgué à travers un communiqué paru dans l’Unità le 16 juin 1925. Ce dernier lance l'accusation selon laquelle Girone “ a assumé le poste de fonctionnaire du Comité d’Entente (3) pour lequel il a entrepris un tour de propagande désagrégationniste dans les fédérations méridionales de l’Italie “. Suit un certain nombre de faits auxquels les membres du Comité vont répondre.
Le Comité y répond, en effet, dans une lettre datée du 22 juin 1925 et signée par Damen, Grossi, Bordiga, Fortichiari, Lanfranchi, Repossi, Manfredi, Venegoni. Cette lettre, adressée au Comité central du parti, déclare cette décision nulle et explique :
“(…) En fait, le camarade Girone, bien qu’il y avait à Naples un délégué du parti venu pour enquêter sur des faits analogues à ceux pour lesquels vous prétendez l’expulser, n’a pas été interrogé et l’accusation ne lui a pas été communiquée; il n'a même pas su si un quelconque organe du parti était en train d'instruire une affaire, ce qui l'a mis dans l’impossibilité de se défendre, de prouver ce qu’il avait fait ou de fournir des justifications.
La mesure est encore plus nulle si l'on considère le communiqué publié et le commentaire qui le suit, basé sur des éléments faux et qui pour une partie d’entre eux, étaient déjà connus comme faux “. (…)
La lettre répond aussi qu'il est faux de dire que “Girone s'est “ éloigné du travail du parti qu’il avait en charge du fait d'un manque grave de discipline ” ; il est faux de dire qu’il était fonctionnaire du Comité d’Entente“; il est faux de dire qu’il s’est déplacé dans les sections méridionales avec des billets de chemin de fer payés par le Comité d’Entente.
Bordiga reprend, parmi d’autres réponses qu’il fait au CE du PCI, la défense de Ugo Girone dans sa lettre du 12 juillet 1925 :
“ le communiqué de la Centrale cherchait à le liquider moralement et en plus politiquement en accusant Girone de “ professionnalisme de la désagrégation du parti ” mais aussi à faire croire que le travail du Comité d’Entente était vraiment diabolique et fractionniste en ayant des fonctionnaires rétribués et des billets d’abonnements (4) ( de chemin de fer); ce sont les points les plus graves“. (…)
Nous faisons remarquer que la tendance “ liquidationniste ” actuelle du CCI n’agit pas autrement que celle du PCI en 1925. Le camarade Juan subit une suspension jusqu’au prochain BI sans qu’il ait pu s’expliquer. C’est nouveau dans le mouvement ouvrier révolutionnaire, excepté durant la période de "bolchévisation" des partis communistes ! Pour nous, comme pour le Comité d’Entente, cette sanction doit être considérée comme nulle. Mais, comme l’affirme le Comité d’Entente, nous savons à quoi cela sert aujourd’hui, c'est-à-dire “à faire croire que le travail du Comité d’Entente (lire en ce qui nous concerne : la Fraction interne du CCI) était vraiment diabolique et fractionniste“.
A vous de juger, camarades !
La Fraction (04/11/2001)
Notes:
1 Baton long et creux dans lequel on a mis du sable. Quand on le retourne, le sable en tombant produit un bruit doux de pluie.
2 . Militant de la Gauche communiste depuis son origine, il a participé aussi au travail de Bilan; il n’a pas été enfermé dans les prisons mussoliniennes comme les autres membres de la gauche car il avait émigré d’abord en Argentine.
3 . la gauche italienne a créé un Comité d’Entente pour se préparer au III° Congrès du PCI qui se tiendra ensuite en 1926 à Lyon et pour lutter contre la bolchévisation du parti.
4 . en fait, ces billets était un reliquat de billets donnés aux parlementaires.
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